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De quoi le mouvement transhumaniste est-­il le nom ? (2/5)

2/ De quoi le mouvement transhumaniste est-­il le nom ?
Ses réseaux institutionnels, ses distinctions idéologiques, ses soutiens, sa géographie sociale.
- Origines du transhumanisme
- Julian Huxley, premier emploi du mot « transhumanisme » ; la contre-culture technofuturiste américaine des années 60 et le projet SMILE (Space Migration Intelligence Increase, Life Extension), L5 Society en 1975, etc.
- Les années 80 : la passage à la Sillicon Valley
- Début 80 : Le transhumanisme comme mouvement social : FM 2030, Nancie Clark et John Spencer
- Vernor Vinge, 1993 : concept de singularité
- Les technoprophètes ultra-libéraux et individualistes du transhumanisme : le mouvement extropiste.
- La virage « social-démocrate » de la World Transhumanist Association et maintenant la nouvelle logique d’Humanity + (stratégie markéting) (Déclaration Transhumaniste)
- Impact social et politique : Clinton devant le Congrès en 2000, puis rapport officiel sur les NBIC en 2003, Université de la Singularité
- Les deux grandes sources du transhumanisme actuel, avec des points de contact institutionnels, des points d’accords et de désaccords idéologiques, se sont développés depuis le tout début des années 2000 :
- D’un côté un transhumanisme plus universitaire, dominé par des intellectuels allant des sciences dures à la philosophie et les sciences sociales. S’y développent et s’y affrontent des idéologies diverses (libertariennes, socialistes, transgenre, etc.). Son cœur est l’ancienne WTA, maintenant H+ et plus récemment l’Institute for Ethics and Emerging Technologies, ces leaders sont, entre autres, Nick Bostrom et James Hughes.
- D’un autre côté un transhumanisme plus entreprenarial, qui réunit des hommes d’affaire du monde des entreprises de hautes technologies, des nanotechnologies, de l’informatique, d’internet surtout, et dont le cœur se situe dans la Silicon Valley (dominé en particulier par la figure de Ray Kurtzweil) La Singularity University, financée par Google (et d’autres entreprises, dont Nokia) et soutenu par la NASA, est certes un lieu de formations (destinées à des futurs cadres, ingénieurs et dirigeants d’entreprises de hautes technologies) mais surtout un lieu de rencontre entre leadeurs politiques et chefs d’entreprises.
- La domination sociale et l’impact politique du transhumanisme libertarien
(ultralibéral) masque la multiplicité des courants en cours de déploiement.
- Description de la multiplicité des courants et de leurs organisations : libertariens, abolitionnistes (vers un paradise-engineering), singularistes, immortalistes, technogaïanistes (écologie transhumaniste), postsexualistes (théorie du genre transhumaniste), techno-spiritualistes (sorte de nouveau new-age), égalitaristes, anarchistes, transhumanistes chrétiens et même créationnistes, avec l’exemple emblématique de la théologie chrétienne transhumaniste de Franck Tripler (Professeur de physique mathématique à l’université de Tulane à la Nouvelle-Orléans) : réinterprétation de la thèse du point Omega de Teilhard de Chardin dans la perspective de la cosmologie numérique et de l’intelligent design).
- Un nouveau type d’organisation, le Think tank technoscientifique : émergence d’une nuée de tels Think tank depuis le milieu des années 2000 qui se caractérisent, entre autres, par la rencontre de personnalités sceptiques vis à vis de la convergence NBIC avec des personnalités appartenant à la nébuleuse transhumaniste (donc partisan de l’accélération de la convergence). Ces Think tank technoscientifiques ont des statuts, des compositions et des objectifs très variables: de la simple association indépendante d’amateurs de technoscience (réunissant souvent des étudiants), au groupe de réflexion officiellement attaché à un laboratoire universitaire majeur, en passant par un lobby financé par des entreprises, jusqu’à une association s’apparentant à une « secte ».
- Tous ces nouveaux Think Tank oscillent (parfois de façon ambiguë) entre la logique d’accélération et la logique de freinage de la convergence NBIC / BANG, mais se
présentent, dans tous les cas, comme des instituts de réflexion « prospective ». Quelques illustrations, parmi les « centres » les plus notables : MIRI (Machine Intelligence Research Institute), Center for the Study of Existential Risk (entre bioéthique et transhumanisme : officiellement attaché à l’université de Cambridge), Future of Life Institute (attaché à l’université d’Oxford), Fondamental Questions Institute, Future of Humanity Institute, Future Life Institute ( new-age rénové : on y débat de « chimie spirituelle », de « mathématique de la conscience », de « preuve neurologique de la réincarnation », etc., à ne pas confondre avec le Future of Life Institute). On remarquera que Nick Bostrom est membre du « board » de tous les Think Tank évoqués (sau
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